RIEN DE CE QUI NE TOUCHE À RIEN NE M'EST TOTALEMENT ÉTRANGER
(Ignominies sans nom, digressions diverses, diatribes haineuses et toutes sortes d'excellentes raisons pour regretter d'avoir un jour appris à lire)

jeudi 29 septembre 2011

Spalax ! Spalax ! Ca c'est spalax !

Après le nandou, le wombat, voire même l’okapi, je croyais avoir tout subi en terme d’animaux moches. Hélas, ne reculant devant rien pour réveiller mes instincts les plus légitimement zoophobes, une personne, dont je tairai le nom, a trouvé très intelligent de m’offrir un spalax leucodon. Jusque-là, je vivais une existence relativement sereine, rêvassant à ma jeunesse ardente depuis les rives tempérées des îles désertes de l’âge moyen. Entre deux « c’était mieux avant » et une coloscopie, je prenais le temps de détester les jeunes, espérant un cancer bien à moi (un jour mon crabe viendra, un jour il me prendra...), tout en croquant des cacahuètes. Le grand soir pouvait venir, j’étais prêt... Enfin, disons que, sans trépigner d’impatience, j’avais fait quelques provisions, au cas où... Bref, je m’emmerdais avec un détachement et un flegme tout britannique, certes, avec classe et panache, oui, mais... ne tournons pas autour du pot : je m’emmerdais ! Bon. Le spalax... Que dire ? Que penser devant cette chose, étrange croisement entre une brosse à cuvette de toilettes, un décapsuleur et John Lennon, période Hard Day’s Night ? Rien ! Mais encore... Première surprise, mon correcteur automatique reconnaît le nom ! Incroyable ! Secundo, malgré son nom rassurant de médicament miracle, cette sorte de taupe préhistorique à dents de sabre a indéniablement une sale gueule. Observons attentivement la créature. Quels enseignements pouvons-nous en tirer ? Un grand sentiment d’impuissance et de vide... Dans un premier temps, l’impression générale qui nous submerge est celle d’une reconnaissance infinie envers l’être suprême pour ne pas être né spalax. Tombons à genoux et pleurons... À mieux y regarder, toutefois, une étrange sensation s’insinue en nous. La créature n’a pas d’yeux ! Résistons à l’envie irrépressible de la dissoudre dans l’acide et contentons-nous de l’ouvrir en deux. Le spalax a, indéniablement, une gueule. Un physique ! Il arbore, de façon ostentatoire, un nez mauve et épaté qui le rend instantanément sympathique au poivrot moyen. Ce groin piqueté de buveur de vodka de vieux pneus trahit instantanément la provenance de la chose. Ce monstre hideux vient de l’Est ! L’encyclopédie « Fin de races, animaux à exterminer et autres créatures constituant une insulte à la face de Dieu » nous apprend qu’on le trouve de la Bosnie à la Turquie en passant par la Bulgarie et l’Ukraine. Une excellente raison pour fermer nos frontières et refuser l’entrée de ces métèques dans l’eldorado européen. Quant aux Grecs, on peut donc dire qu’ils ont bien cherché ce qui leur arrive... Qui sème le spalax, récolte le FMI. Bon qu’y a-t-il encore à savoir sur ce monstre hideux ? Ah ! Il ne creuse pas la terre avec ses pattes, mais avec ces dents, si on peut appeler ainsi les espèces d’incisives jaunâtres qui l’empêchent de fermer la bouche et lui confèrent un air parfaitement stupide, tout en gênant son élocution. L’animal n’a donc pas été spécialement gâté et on se demande vraiment à quoi pensait Noé quand il a en a embarqué un couple dans son arche. Là, je crois qu’on a loupé une occasion de corriger une petite erreur de la nature, mais bon... les voies de Dieu sont impénétrables, même pour le spalax, grand fouisseur devant l’Éternel en question. Heureusement aveugle, le spalax ne se voit pas dans les miroirs et, donc, se fout complètement de son apparence physique. On peut même dire qu’il se néglige, à en juger par la vilaine couleur de ses dents... On peut raisonnablement s’autoriser à penser que Dieu n’a pas fait le spalax à son image. Heureusement, le spalax vit sous terre et ne remonte jamais à la surface. Ouf ! Donc, en fait, personne n’a jamais vu de spalax vivant. Et je commence à me demander si mon spécimen n’est pas une vulgaire musaraigne à qui on aurait coupé la queue et crevé les yeux pour me faire une plaisanterie d’un goût douteux. La hauteur de vue et la noblesse de mes amis me poussent toutefois à balayer d’un revers de main cette hypothèse décourageante. Aucun d’eux ne s’abaisserait à ça. En général, ils se bornent à m’offrir des colliers de mouches ou des cendriers en croûte de psoriasis. C’est rassurant d’avoir des amis qui ont du goût... Demandez à DSK, si ces copains lui avaient offert une escort girl à 10 000 dollars la nuit, plutôt que de pousser la femme de chambre dans la douche, il n’en serait pas là. Ah, les cons ! On a les amis qu’on mérite... ©Nihoul2011