RIEN DE CE QUI NE TOUCHE À RIEN NE M'EST TOTALEMENT ÉTRANGER
(Ignominies sans nom, digressions diverses, diatribes haineuses et toutes sortes d'excellentes raisons pour regretter d'avoir un jour appris à lire)

lundi 24 mai 2010

Interviews croisées : Philippe Genion, Philippe Nihoul, Titine et Raoul Baraky


Interview à paraître dans un canard belge, je ne sais quand, je ne sais où... Un sommet !


Un jour de mai 2010, quatre personnes se rencontrent.Deux auteurs, l'un, chevronné, PHILIPPE NIHOUL, auteur de BD (Commando Torquémada, Titine à Charleroi, etc), et de théâtre (Titine à Charleroi), l'autre débutant, PHILIPPE GENION, auteur de "Comprendre le Belge".Deux personnages de fiction, TITINE, co-création de l'un, et RAOUL BARAKY, imaginaire golum de l'autre. Voici ce qu'ils se sont dit....


Question de Philippe Nihoul à Philippe Genion :

Maître, vous touchez avec un égal bonheur aux disciplines les plus austères, avec une facilité qui laisse pantois les nains arrogants qui monopolisent le pouvoir et usurpent un bon goût clinique aux relents d’Ajax WC ammoniaqué. Ne vous sentez-vous pas parfois bien seul ?

Philippe Genion : Si je laisse pantois les nains, je pense aussi laisser pantins les noix, oui, je sais ça ne veut rien dire, mais parfois il faut parler en images idiotériques qui provoquent la réflexion du tout-un-chacun et aussi du touche-à-tout, et même des Montois. Sinon, seul oui bien sûr, sinon je ne serais pas sur Facebook et ne rechercherais pas en permanence les caresses buccales de mes congénères, hein dites. Quoi ? Ma Mère lit ceci ? Mais vous ne pouviez pas me prévenir ??


Question de Philippe Genion à Titine :

Alors Titine, on parle de vous partout, les femmes des vendeurs de vin de Mont-sur-marchienne imitent votre coiffure et votre maquillage, c'est la gloire... heureuse ?

Titine : Je sé bîn, sés ! Mais, bon... vaut mieux faire envie que pitié hein ! Et puis, entre roulures, on se soutient. Ca crée des liens très fort. Les marchandes de vins m’imitent et j’ai des prix d’amis sur les cubis de Riojas. Ca n’vaut nîn une Cara pils mais avec les brochettes à l’essence du barbecul, ça le fait.


Question de Philippe Nihoul à Raoul Baraky :

J’aime beaucoup la fragrance qui s’échappe de votre être ! Quel est ce subtil et indéfinissable mélange, évoquant à la fois une aire de repos d’autoroute et la criée de Nieuport ?

Raoul Baraky : oyi, d’jè sé. El docteur diss que j’né pon d’continent. Mais mi d’jè li ai dit, mais si, mi d’jè su EUROPEEN que d’li dit. Mais il dit non non Nin Continent. D’jè’n’comprin ré. Despu s’tin là d’ji sens des pis, èyè d’ji transpire branmin des jambes, tertout.


Question de Titine à Raoul Baraky :

Dis grand, tu pourrais enlever tes mains de mes loches, si en cas ? Je ne suis pas narreuse mais tu laisses des traces de doigts sur mon pullov’ en mohair de speakerine de Bel-RTL ! Et ça ne se rattrape pas à la javel, sés ! En plus Bouffy m’a bu tout le flacon de vizir !

Raoul Baraky : Laisse toi faire, morue ! Maaa, qu’ten a des belles, on dirait des paquets d’savon noir. Allez laisse !! Regarde ma quette ! Toute dure, qu’on dirait un cervelas surgelé ! Maaa qu’tès bonne, on dirait Pauline Carton, mi d’jè l’ai toudi trouvée bandante estelle là ! Allez viens, on va aller dans ma chambre, à la cave. Tu veux d’l’huile, ou ça ira sans ?


Question de Raoul Baraky à Philippe Nihoul :

Ouske t'as sti à skolle, ti ?

Philippe Nihoul : Plaît-il ? Ah, l’école ! Comme la plupart des esprits supérieurs de ce monde à l’Athénée Royal de Charleroi, bien sûr. Malheureusement ne vous réjouissez pas trop vite, les jeunes. Depuis que le vénérable établissement a changé de nom pour sottement s’appeler Athénée Ernest Solvay, il a mystérieusement cessé de fournir son quota annuel de prix nobel, écrivains à succès, présentateurs télé et vainqueurs de la Star Ac. C’est regrettable mais c’est ainsi.


Question de Philippe Genion à Philippe Nihoul :

Est-ce que tu penses que les habitants de Châtelet se rendent compte du second degré dans cet ouvrage ?

Philippe Nihoul : Bah, ils ont bien réussi à survivre à René Magritte, ils ne devraient pas être trop dépaysés par Titine. Pour sceller cette belle descendance artistique, Yann et moi allons d’ailleurs offrir au musée local une oeuvre monumentale de 8 mètres sur 3 intitulée : « Ceci est bien une pipe et pas une trachéotomie ». Elle trônera dans l’ancien salon du génial peintre.


Question de Raoul Baraky à Philippe Nihoul :

Et toi, Titine, tu l'as quettée ? Elle est bonne ? Eyè t'femme, elle est bonne ?

Philippe Nihoul : Ecoutez, j’aime rendre service mais bon, je ne peux pas tout faire moi-même. Et puis, ce serait un peu incestueux... Tiens, je n’avais pas pensé à ça ! Après, tout,... Euh, il faudra que j’en parle à mon épouse qui est une personne d’une grande bonté, effectivement, je vous remercie.


Question de Raoul Baraky à Titine :

Tu veux quetter ? J'ai ma Golf dans l'parking.

Titine : Oh ! T’es biesse ou t’es con ? Commence par enlever la balle de golf de ton attache remorque et mets du leïopaaaard sur tes fauteuils. Je ne me donne pas à la basse classe comme certaines que je connais, moi !


Question de Philippe Genion à Philippe Nihoul :

Au vu de son physique peu avantageux, on pourrait dire de Titine qu'elle est un remède à l'amour. Parmi les hommes que vous connaissez, citez-en qui pourraient être un remède à l'homosexualité.

Philippe Nihoul : Vous savez, tous les mauvais goûts sont dans la nature. Il faut que tout le monde puisse vivre. Je n’irais pas jusqu’à dire se reproduire mais pendant qu’ils jouent avec leurs corps flasques et adipeux, ils n’ont pas de mauvaises pensées et ne foutent pas le bordel. Et puis au moins, ils restent entre eux. Un remède à l'homosexualité ? Cette grande endive lisse, sans saveur et jésuitique de Jean-Michel Javaux, peut-être ? Sauf si l’opportunisme entre en ligne de compte pour le choix…


Question de Raoul Baraky à Titine :

Mais qu't'es léttt. T'as mis une prop'culotte au matin ?

Titine : Tu t’es d'jà vu, t’même ! Panse d’aragne ! Fais comme le sida, ne passe pas par moi, vi crâ ! Je sais que quand y a une belle betterave comme moi, c’est toudis pour un lé pourcha mais y a des limites à l’amour de son prochain !


Question de Philippe Genion à Titine :

Titine, pensez-vous avoir encore des enfants, et si oui, quel âge auront-ils ?

Titine : Mmh? C’t’une léttt, ça ! Souvent fait noir, d'abord... Et j’ai des ruses avec mon transit intestinal, ce qui fait qu’on ne peut jamais être sûre… Je ne me connais aucun enfant, à part Bouffy mais c’est pas pareil. C’est pas vraiment comme un vrai enfant. Il est déjà fort gaillard et il n’a pas le sens de la famille. Si je me laissais faire, on aurait un élevage à la maison. Maria dei !


Question de Titine à Philippe Genion :

Dis, gros, tu écris des livres avec du beau parlage dedans que même on pourrait les mettre dans la collection Arlequin ou dans un roman photo de Nous Deux. hein? Tu ne pourrais pas donner des tuyaux aux deux ringards qui écrivent mes aventures ?

Philippe Genion : Je n’sais pas moi, m’fille. Ils sont un peu vieux, tes écriveurs, tu aurais dû en prendre des plus frais. Mais je ne trouve pas que t’es si mal servie, t’en as de bonnes toi, toujours à te plaindre, on dirait un politicard flamand !!


Question de Titine à Philippe Genion :

Toi et moi, on se ressemble assez, non ? Même taille, même poids... J’ai un peu plus d’expérience que toi mais je peux te montrer des trucs bien pourches que ta tête fera trois fois le tour de ton corps. Ce te dirait de marcher avec moi ?

Philippe Genion : Ben justement, fille, même poids, on squetter les lits. A la limite, on va chez Ikea ensemble et on les essaie tous un par un ? Au moins là ils sont montés, tu t’rends compte que quand tu en achètes un tu dois en plus lire un plan et mettre des vis ?? Mais ils nous prennent comme des cons ces suédois ?? Enfin, d’un autre côté , ces sales pourchats vikings, ça risque de les exciter ton odeur de hareng, donc peut-être qu’on aura un bon prix ? Allez, mardi t’es libre ? Te lave pas d’ici-là. J’ai la Mazda d’Monique, on peut mettre 200 francs d’essence et passer par la friture avant. Bètches.


Question de Philippe Nihoul à Philippe Genion :

Après ce sommet de la pensée belge qui renvoie dans les cordes les esprits obtus de la pensée et du langage uniques, à quoi comptez-vous maintenant vous attaquer ? BHV ? Le trou de la sécurité sociale ? Un rayon maléfique qui désintégrerait tous les Flamands mais laisserait intact leurs appartements à Blankenberge pour y reloger tous les indésirables de Charleroi ? En espérant bien sûr que la fonte des calottes glaciaires s’accélère... Une solution propre et humaniste qui permettrait de faire d’une pierre deux, non, trois coups !

Philipe Genion : pour la fonte de la calotte glacière et louvaniste, il suffit de rouvrir les charbonnages et de consommer, de polluer, du coup la mer monte, et hop (bloug – verdomme). Faut juste sauver Arno avant le déluge. Ou on pourrait faire une arche de Noyés avec juste un couple de VLD, un couple de SPA, oui, cela nous ramène aux animaux, je sais, mais bon, je ne peux pas m’empêcher de faires des métaphores zoologiques, ayant parlé de reptiles avec le nouveau mari de ma fille (un hollandais, comme quoi tout est possible – ma fille est un hollandais, son nouveau mari est finlandais, oui je sais tout le monde est perdu maintenant, comme le monde finalement).


Question de Philippe Nihoul à Raoul Baraky :

Cher Raoul, j’aimerais savoir ce qui vous pousse à vous lever le matin, sachant que, quoi qu’il arrive, vous finirez ivre mort au pied de votre tabouret du comptoir du Raclot, après une aussi héroïque que vaine et ultime tentative de l’escalader par la face nord. La plus dangereuse, celle exposée au courant d’air de la porte des toilettes.

Raoul Baraky : héééé, tu veux un Makka din t’gueule, malin ? Je n’me lève pas, je dors sur le banc au Raclot. Ainsi j’nai né loin pou daller bwèèrrr !! J’ai pris la panne de Jeanine avec, ainsi je pisse didin la nuit, jè’n’dwè né boudgi du banc. Mais c’n’est né facile quand d’jé la coulante, séés. Ca colle din mè culottes. D’bord c’est chaud, mais après c’est freche, séés. On n’a né facile.


Question de Titine à Raoul Baraky :

Allez, je veux bien faire la bête à deux dos si qu’t’y mets le paquet ! Et je parle de liards, hein ? Emmène moi danser ce soir, comme Michelle Torr. T’as des bons plans ?

Raoul Baraky : on peur daller à l’violle à Anderlues, la chope est à cinquante ! Jt’e paie les trois premières si après t’es gentille dans les toilettes, hein. J’n’suis né Crésus mi, pour qui s’qu’tu’t’prin, Lady, dis ?


Copyright Lapins Productions - Philippes N&G – Mai 2010