jeudi 17 juin 2010
REQUIEM POUR UN CON…
Lundi 14 juin 2010.
La Belgique francophone se réveille avec une gueule de bois en plomb. Un vrai lendemain de veille, sans même avoir fait la fête. Chronique d'une branlée annoncée...
Il fait gris... Sur les écrans de télévision, devant un océan de drapeaux arborant le célèbre « caniche-noir-faisant-le-beau-sur-fond-jaune », un petit homme replet savoure sa victoire. Celle de la Flandre inconsolable qui conserve, à tout jamais, un goût de boue des tranchées de l'Yser au fond de la gorge. La Flandre assiégée, engoncée dans ses fantasmes de persécution et sa paranoïa… La Flandre, citadelle de vertu, assiégée sans fin par les forces maléfiques de la Francophonie et du clientélisme social réunies. La Flandre qui, depuis des décennies, rumine sa rancœur contre les Fransquillons honnis, feignant d'oublier que c'est sa propre bourgeoisie qui l'a oppressée en lui imposant le Français, langue des gens chics et bien nantis, même sur son sol sacré.
Dans son grand lavage de cerveau collectif, Mère Flandre oublie que, pas plus qu'elle la Wallonie ne le parlait, cet idiome latin détesté. Mais, accommodant et bon con, le Wallon s'est adapté à la langue des maîtres économiques du pays, lui…
Et il a bonne mine, maintenant, le Wallon avec son drapeau tricolore qui pend tristement, en pleine débandade. Cocu magnifique, sa femme se barre avec les meubles après avoir vidé les comptes en banque. Il a supplié, quémandé : « laisse-moi au moins un lien avec Bruxelles ! ». Onbespreekbaar ! Non négociable ! AVV-VVK. Tout pour la Flandre, la Flandre pour Elvis… Enfin, Will Tura.
Il n'a plus rien. Il ne comprend pas… Il a pourtant cédé sur tout. Il a abandonné Louvain, les Francophones de Flandre, les Fourons, le recensement, la fixation de cette maudite frontière linguistique… Il a payé et repayé et repayé encore les facilités linguistiques. Tout ça pour quoi ? Par peur de se retrouver belge tout seul. De devoir assumer ce qu'il est… Et il ne s'aime pas, le Belge. Il se sent nul, incapable, bon à rien. Elle le lui a tant répété sa Flamande, qu'il en est convaincu.
Qui pourrait vouloir de lui ? La belle Marianne ? Il n'y croit pas… Ca fait des années qu'elle multiplie les signaux contradictoires. Un jour je te lance des œillades enfiévrées, l'autre je te griffe et je t'arrache le cœur. Elle aussi va le rejeter, cruelle et inconstante comme elle est.
Par-dessus la frontière qui n'aura bientôt plus rien de linguistique, il regarde vers le Nord de… Oui, de quoi au fait ? Comment doit-il dire maintenant ? Territoire ? Réserve ? Bantoustan ? Et le Francophone, qui a su rassembler ses maigres capacités intellectuelles de chômeur congénital pour apprendre l'anglais, entend la voix du grand Winston : « Ce n'est pas la fin, ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais c'est, peut-être, la fin du commencement… ».
On devrait toujours écouter les Britanniques se dit-il tristement. Que faire ? Vite, changer de nom ! A mort Jean Dupont ! Leve Jan Vandenbrug ! Ca devrait les décontenancer suffisamment longtemps pour qu'il puisse creuser un tunnel jusqu'à Maubeuge. Le temps que la taal politie (police de la langue) ait flairé le fransquillon qui se cache en lui, il aura largement eu le temps de demander l'asile patronymique à un pays de lait et de miel... comme l'Afghanistan, par exemple. On lui en a tant vanté la qualité des infrastructures routières… Ca ne peut pas être pire qu'ici… Il ne parle pas Néerlandais au moins en Afghanistan ? Si ?...
Il emmènera avec lui son cher cancer, qu'il n'a pas osé laisser à Bart et ses sbires. Le programme électoral de la NVA ne prévoit rien pour lui. Normal, son volet économique et social est strictement à l'usage du Nouveau Flamand : le surélecteur ! En gros : un homme, de constitution... robuste, qui n'a pas de temps à perdre avec des maladies exotiques qui ne sauraient toucher quelqu'un capable de prononcer correctement "schild en vriend".
België barst ! La Belgique est morte ! Ce que nous faisons nous mêmes, nous le faisons mieux ! Etc... etc… Le nationalisme flamand est un concept déterministe et nietzschéen : le ridicule ne me tue pas mais me rend plus fort… Ainsi parlait la NVA.
Il faut fuir. Il empoigne sa pelle. Sa fidèle pelle en bon acier wallon, forgée par les mains d'or des métallos carolorégiens, travaillant au rythme de Bernard Lavilliers. Mais ?... Qu'est-ce ? Trahison ! Là, sur le fer… En lettres minuscules, « made in Kâfiristân ». Tout fout le camp… Pleurant son pays perdu, le Wallon creuse sans se retourner, à travers friches industrielles et puits de mines désaffectés.
« Sois sage, ma douleur », console-t-il la tumeur palpitante qui lui ronge les entrailles. Piochant toujours plus profond son chemin vers l'exil intérieur, il se rappelle alors les mots d'un autre grand Anglais : l'eurodéputé serpillèrophobe britannique Nigel Farrage. « Belgium is a non country. » La Belgique n'est pas un pays, c'est un mirage, un label, un slogan commercial sur une affiche oubliée qui part en lambeaux.
On devrait toujours écouter les Britanniques…
Copyright Nihoul 2010
La Belgique francophone se réveille avec une gueule de bois en plomb. Un vrai lendemain de veille, sans même avoir fait la fête. Chronique d'une branlée annoncée...
Il fait gris... Sur les écrans de télévision, devant un océan de drapeaux arborant le célèbre « caniche-noir-faisant-le-beau-sur-fond-jaune », un petit homme replet savoure sa victoire. Celle de la Flandre inconsolable qui conserve, à tout jamais, un goût de boue des tranchées de l'Yser au fond de la gorge. La Flandre assiégée, engoncée dans ses fantasmes de persécution et sa paranoïa… La Flandre, citadelle de vertu, assiégée sans fin par les forces maléfiques de la Francophonie et du clientélisme social réunies. La Flandre qui, depuis des décennies, rumine sa rancœur contre les Fransquillons honnis, feignant d'oublier que c'est sa propre bourgeoisie qui l'a oppressée en lui imposant le Français, langue des gens chics et bien nantis, même sur son sol sacré.
Dans son grand lavage de cerveau collectif, Mère Flandre oublie que, pas plus qu'elle la Wallonie ne le parlait, cet idiome latin détesté. Mais, accommodant et bon con, le Wallon s'est adapté à la langue des maîtres économiques du pays, lui…
Et il a bonne mine, maintenant, le Wallon avec son drapeau tricolore qui pend tristement, en pleine débandade. Cocu magnifique, sa femme se barre avec les meubles après avoir vidé les comptes en banque. Il a supplié, quémandé : « laisse-moi au moins un lien avec Bruxelles ! ». Onbespreekbaar ! Non négociable ! AVV-VVK. Tout pour la Flandre, la Flandre pour Elvis… Enfin, Will Tura.
Il n'a plus rien. Il ne comprend pas… Il a pourtant cédé sur tout. Il a abandonné Louvain, les Francophones de Flandre, les Fourons, le recensement, la fixation de cette maudite frontière linguistique… Il a payé et repayé et repayé encore les facilités linguistiques. Tout ça pour quoi ? Par peur de se retrouver belge tout seul. De devoir assumer ce qu'il est… Et il ne s'aime pas, le Belge. Il se sent nul, incapable, bon à rien. Elle le lui a tant répété sa Flamande, qu'il en est convaincu.
Qui pourrait vouloir de lui ? La belle Marianne ? Il n'y croit pas… Ca fait des années qu'elle multiplie les signaux contradictoires. Un jour je te lance des œillades enfiévrées, l'autre je te griffe et je t'arrache le cœur. Elle aussi va le rejeter, cruelle et inconstante comme elle est.
Par-dessus la frontière qui n'aura bientôt plus rien de linguistique, il regarde vers le Nord de… Oui, de quoi au fait ? Comment doit-il dire maintenant ? Territoire ? Réserve ? Bantoustan ? Et le Francophone, qui a su rassembler ses maigres capacités intellectuelles de chômeur congénital pour apprendre l'anglais, entend la voix du grand Winston : « Ce n'est pas la fin, ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais c'est, peut-être, la fin du commencement… ».
On devrait toujours écouter les Britanniques se dit-il tristement. Que faire ? Vite, changer de nom ! A mort Jean Dupont ! Leve Jan Vandenbrug ! Ca devrait les décontenancer suffisamment longtemps pour qu'il puisse creuser un tunnel jusqu'à Maubeuge. Le temps que la taal politie (police de la langue) ait flairé le fransquillon qui se cache en lui, il aura largement eu le temps de demander l'asile patronymique à un pays de lait et de miel... comme l'Afghanistan, par exemple. On lui en a tant vanté la qualité des infrastructures routières… Ca ne peut pas être pire qu'ici… Il ne parle pas Néerlandais au moins en Afghanistan ? Si ?...
Il emmènera avec lui son cher cancer, qu'il n'a pas osé laisser à Bart et ses sbires. Le programme électoral de la NVA ne prévoit rien pour lui. Normal, son volet économique et social est strictement à l'usage du Nouveau Flamand : le surélecteur ! En gros : un homme, de constitution... robuste, qui n'a pas de temps à perdre avec des maladies exotiques qui ne sauraient toucher quelqu'un capable de prononcer correctement "schild en vriend".
België barst ! La Belgique est morte ! Ce que nous faisons nous mêmes, nous le faisons mieux ! Etc... etc… Le nationalisme flamand est un concept déterministe et nietzschéen : le ridicule ne me tue pas mais me rend plus fort… Ainsi parlait la NVA.
Il faut fuir. Il empoigne sa pelle. Sa fidèle pelle en bon acier wallon, forgée par les mains d'or des métallos carolorégiens, travaillant au rythme de Bernard Lavilliers. Mais ?... Qu'est-ce ? Trahison ! Là, sur le fer… En lettres minuscules, « made in Kâfiristân ». Tout fout le camp… Pleurant son pays perdu, le Wallon creuse sans se retourner, à travers friches industrielles et puits de mines désaffectés.
« Sois sage, ma douleur », console-t-il la tumeur palpitante qui lui ronge les entrailles. Piochant toujours plus profond son chemin vers l'exil intérieur, il se rappelle alors les mots d'un autre grand Anglais : l'eurodéputé serpillèrophobe britannique Nigel Farrage. « Belgium is a non country. » La Belgique n'est pas un pays, c'est un mirage, un label, un slogan commercial sur une affiche oubliée qui part en lambeaux.
On devrait toujours écouter les Britanniques…
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1 commentaire:
En aplaus voor heer Nednih...
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